Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/286

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nait, un être indigne, lâche, importun, tapageur et sot, et priait l’honorable société de ne pas lui en vouloir dans sa misère.

Ayant obtenu la protection de ces messieurs, le sieur Zimoveikine devint aussitôt gai, content, et se mit à baiser les mains d’Oustinia Féodorovna en dépit des modestes protestations de celle-ci, touchant la grossièreté des dites extrémités. Il promit aussi pour le soir même de faire apprécier tous ses talents dans une danse de caractère. Mais, le lendemain même, l’aventure reçut un dénouement lamentable, soit que Zimoveikine eût mis par trop de caractère dans sa danse, soit qu’il eût réellement « déshonoré et outragé » Oustinia Féodorovna comme elle l’affirmait, elle, « qui connaissait Iaroslav Ilitch et qui eût pu depuis longtemps être l’épouse d’un officier ». En tous cas, Zimoveikine se vit contraint de déguerpir. Il s’en alla donc, revint, se fit à nouveau chasser ignominieusement, sut s’introduire dans les bonnes grâces de Sémione Ivanovitch dont il s’attribua le meilleur pantalon et reparut donc une fois de plus en qualité de séducteur de notre héros.

L’hôtesse ne sut pas plus tôt celui-ci sain et sauf et la recherche du passe-port devenue conséquemment inutile qu’elle se calma instantanément et s’en fut se reposer. Cependant, quelques-uns des pensionnaires convinrent de faire au fugitif une réception triomphale. Sans scrupule d’en abîmer les