Page:Dostoïevski - Le Sous-sol, 1909.djvu/316

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gnées de crin et de coton continuaient à voler de tous côtés formant des monceaux toujours croissants… On en avait extrait du matelas des roubles pesants et épais, et des roubles et demi, et des pièces de cinquante copecks, et des pièces de vingt-cinq copecks, et d’autres. Le tout était bien aligné sur une table par ordre de valeur. Toutes les recherches terminées, on n’avait trouvé qu’un seul billet de banque. Alors, on secoua l’enveloppe du matelas pour s’assurer qu elle était bien vide, puis on se mit à compter. À première vue, on était porté à s’imaginer qu’il y en avait là pour un million. Cependant, bien qu’il y en eût loin d’un million, la somme était encore considérable, en tout : 2497 roubles 50 copecks. Donc, si la souscription proposée la veille par Zénobi Prokohtch s’était réalisée, il eut pu y avoir 2500 roubles. L’argent fut empaqueté. On apposa les scellés au coffre du mort et, sur l’audition des doléances de la logeuse, on lui expliqua où et quand elle devrait présenter le certificat établissant la dette de son défunt locataire vis-à-vis d’elle. La signature de ceux qui la devaient fut exigée et deux mots furent touchés relativement à la fameuse belle-sœur. Mais il devint tout de suite évident que cette belle-sœur n’était qu’un mythe, produit de l’insuffisante imagination si souvent reprochée au pauvre Prokhartchine et l’on en abandonna toute idée comme fort inutile et de nature à nuire au bon