Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/187

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rithmes morale au 0,108.000, et inscrite dans un calendrier. Mieux encore : on en fera des éditions commodes, comme les lexiques d’aujourd’hui, où tout sera calculé et défini de telle sorte que le hasard et la liberté seront supprimés.

Ainsi ― c’est toujours vous qui parlez ― s’établiront des relations économiques nouvelles, et toutes les réponses seront faites d’avance à toutes les questions : alors sera fondé le Temple du Bonheur, alors… en un mot, c’est alors que sera venu l’âge d’or.

Certes, on ne peut garantir que cet état de choses permettra d’être bien gai, ― c’est moi qui vous demande la parole, s’il vous plaît, ― puisqu’il n’y aura plus d’imprévu. Mais quelle sagesse ! Par malheur, l’homme est sot ; quoi qu’on fasse pour lui, il est ingrat, ingrat à un tel point que… qu’on ne peut imaginer une ingratitude pire que la sienne. Je ne serais donc pas étonné que, parmi toute cette sagesse, se levât quelque gentleman arriéré qui se camperait, les poings sur les hanches, pour vous dire : « Si nous envoyions au diable toute cette sagesse et si nous nous remettions à vivre selon notre fantaisie ? » Et cela n’est