Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/216

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sons amicalement pour passer ensemble quelques instants avant le départ de notre ami, et vous querellez ! dit Troudolioubov en s’adressant grossièrement à moi seul. Vous avez voulu prendre part à notre réunion, au moins ne la troublez pas…

― Assez ! assez ! criait Zvierkov, cessez donc, messieurs. Laissez-moi vous conter comment, il y a trois jours, j’ai failli me marier…

Et il commença une histoire scabreuse et mensongère : d’ailleurs, du mariage, nulle question. Il ne s’agissait que de généraux assaisonnés de femmes, et le beau rôle était toujours à Zvierkov.

Tout le monde rit en chœur. On ne s’occupait plus de moi. Je buvais sans y songer de grands verres de xérès. Je fus bientôt gris ; mon irritation augmenta d’autant. Je regardais insolemment la compagnie ; mais on m’avait tout à fait oublié. Zvierkov parlait d’une certaine dame qui lui avait confessé son amour, ― le hâbleur ! et d’un certain Kolia, un prince de trois mille âmes, son meilleur ami, qui l’aidait dans cette affaire.

― Comment donc ce Kolia de trois mille âmes