Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/261

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éclaira la chambre, Lisa se leva vivement, s’assit au bord du lit, toute défigurée, et me regarda d’un regard inconscient en souriant comme une folle. Je m’assis auprès d’elle, je lui pris la main : elle parut reprendre le sentiment de l’événement et de l’heure, fit un mouvement vers moi comme pour m’enlacer, mais n’osa pas et baissa doucement la tête.

― Lisa, ma chère, commençai-je, je ne voulais pas… pardon…

Mais elle me serra fortement les mains : je compris que ce n’était pas cela qu’il fallait dire, et je me tus.

― Voici mon adresse, Lisa, viens me voir.

― Je viendrai… murmura-t-elle, indécise, la tête toujours baissée.

― Et maintenant je m’en vais. Adieu… Au revoir.

Je me levai, elle se leva. Tout à coup je la vis rougir, tressaillir. Elle saisit un châle qui traînait sur une chaise, le jeta sur ses épaules et s’en couvrit jusqu’au menton. Puis elle me regarda bizarrement, avec un sourire maladif. Cela me fit souffrir, je me hâtai de m’en aller, de disparaître.