Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non, maintenant, non… Je ne sais pas, peut-être ai-je mal… Mais je ne veux plus… J’en ai assez !… Ah ! Je ne sais pas ce que j’ai, ajouta-t-il, suffoqué ; et reprenant la main de Catherine : Reste ici, ne t’éloigne pas. Donne, donne-moi tes mains… Tu m’éblouis, je te regarde comme un soleil ! S’écria-t-il comme arrachant ces mots de son cœur. Les sanglots lui serraient la gorge.

— Mon pauvre ! Tu n’as probablement pas vécu avec de bonnes gens. Tu es seul, tout seul ? N’as-tu pas de parents ?

— Non, personne. Je suis seul… Mais ça m’est égal. Maintenant ça va mieux… Je suis bien, maintenant ! Dit Ordinov avec le ton du délire.

Il lui semblait que la chambre tournait autour de lui.

— Moi aussi j’ai longtemps vécu toute seule… Comme tu me regardes !… dit-elle après un silence. Eh bien… et après ? On dirait que mes yeux te brûlent ! Tu sais, quand on aime quelqu’un… Moi, dès le premier moment je t’ai pris dans mon cœur. Si tu es malade, je te soignerai comme moi. Mais il ne faut plus être malade, non, Quand tu