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LA RELIGION DES CELTES

suada de se vouer au culte de certaines divinités et d’en honorer les sanctuaires[1].

La corporation religieuse établie chez les Gètes par Dicaineos, l’enseignement qu’il donnait, la mission civilisatrice qu’il remplit, tous ces faits sont-ils comparables aux collèges druidiques, à leur doctrine philosophique, à leur rôle social ? Nous ne pouvons l’affirmer. Comme le druidisme, la doctrine de Zamolxis a été rattachée par les anciens à l’influence de Pythagore. Y aurait-il eu une diffusion chez les peuples les plus divers des doctrines pythagoriciennes, ou la doctrine de Pythagore ne serait-elle qu’un aspect particulier d’un grand mouvement d’idées qui aurait pénétré le monde civilisé six siècles avant l’ère chrétienne ?

Que la doctrine des druides fût ou non d’origine étrangère, elle était distincte, semble-t-il, des pratiques religieuses fort nombreuses auxquelles s’adonnaient les Gaulois, gens admodum dedita religionibus. En tous cas, ces pratiques religieuses n’avaient pas été apportées par les druides qui se bornaient à les interpréter, à leur trouver sans doute un sens symbolique. Les doctrines druidiques venues de la Grande-Bretagne étaient-elles en Gaule d’introduction récente au moment de la conquête romaine, et, réservées à un petit nombre de privilégiés, s’étaient-elles juxtaposées à l’ancienne religion de la Gaule sans la modifier essentiellement ? La religion répandue en Gaule dans le peuple était-elle la religion de ceux qui habitaient notre pays antérieurement à l’invasion gauloise et qui auraient donné à leurs vainqueurs leurs croyances religieuses ? Si la plebs dont parle César est formée des anciens vaincus, tandis que les equites et les druides seuls sont de race celtique, et s’il est vrai que la plupart des enfants des equites fussent élevés dans le druidisme, quels

  1. Strabon, vii, 3, 5 ; A. Bertrand, p. 292-295.