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jim harrison, boxeur

Nous avions franchi la dune de Crawley, parcouru la large rue du village de Crawley, en passant comme au vol entre deux charrettes rustiques avec une adresse qui me prouva qu’il y avait tout de même de bonnes occasions de bien conduire sur la route.

À chaque courbe, je jetais un coup d’œil en avant pour découvrir nos adversaires, mais mon oncle paraissait ne pas s’en tourmenter beaucoup, et il s’occupait à me donner des conseils, où il mêlait tant de termes du métier que j’avais de la peine à le comprendre.

— Gardez un doigt pour chaque rêne, disait-il, sans quoi elles risquent de se tourner en corde. Quant au fouet, moins il fait l’éventail, plus vos bêtes montrent de bonne volonté. Mais, si vous tenez à mettre quelque animation dans votre voiture, arrangez-vous pour que votre mèche cingle justement celui qui en a besoin, et ne la laissez pas voltiger en l’air après qu’elle a touché. J’ai vu un conducteur réchauffer les côtes à un voyageur de l’impériale derrière lui, chaque fois qu’il essayait de toucher son cheval de côté. Je crois que ce sont eux qui soulèvent cette poussière par là bas.

Une longue étendue de route se dessinait devant nous, rayée par les ombres des arbres qui la bordaient.

À travers la campagne verte, un cours d’eau paresseux traînait lentement son eau bleue et passait sous un pont devant nous.

Au-delà se voyait une plantation de jeunes sapins, puis, par-dessus sa silhouette olive, s’élevait un tourbillon blanc, qui se déplaçait rapidement, comme une traînée de nuages par un jour de bise.

— Oui, oui, ce sont eux, s’écria mon oncle, et il est impossible que d’autres voyagent de ce train-là. Allons, neveu, nous aurons fait la moitié du chemin, lorsque