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jim harrison, boxeur

de Corinthiens, et le Prince fut des premiers, donnèrent l’exemple en allumant leurs pipes.

Toute contrainte avait disparu.

Les boxeurs professionnels, allumés par le vin, s’interpellaient bruyamment d’un bout à l’autre des tables en envoyant à grands cris leurs souhaits de bienvenue à leurs amis qui se trouvaient à l’autre bout de la pièce.

Les amateurs, se mettant à l’unisson de la compagnie, n’étaient guère moins bruyants et, discutant à haute voix les mérites des uns et des autres, critiquaient à la face des professionnels leur manière de se battre et faisaient des paris sur les rencontres futures.

Au milieu de ce sabbat retentit un coup frappé d’un air autoritaire sur la table. Mon oncle se leva pour prendre la parole.

Tel qu’il était debout, sa figure pâle et calme, le corps si bien pris, je ne l’avais jamais vu sous un aspect si avantageux pour lui, car avec toute son élégance, il paraissait posséder un empire incontesté sur ces farouches gaillards.

On eût dit un chasseur qui va et vient sans souci, au milieu d’une meute qui bondit et aboie.

Il exprima son plaisir de voir un si grand nombre de bons sportsmen réunis, et reconnut l’honneur qui avait été fait tant à ses invités qu’à lui-même, par la présence, ce soir-là, d’une illustre personnalité qu’il devait mentionner sous le nom de comte de Chester.

Il était fâché que la saison ne lui eût pas permis de servir du gibier sur la table, mais il y avait autour d’elle de si beau gibier qu’on n’en regrettait pas l’absence.

Applaudissements et rires.

Selon lui, le sport du ring avait contribué à développer ce mépris de la douleur et du danger qui avait