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jim harrison, boxeur

me faire sauter la cervelle, et deux fois j’ai été retenu par la pensée que Nelson pourrait encore peut-être m’employer.

Collingwood serra la main du malheureux capitaine.

— L’amiral Nelson n’a pas été longtemps sans vous trouver un emploi utile, Troubridge. Nous avons tous entendu parler de votre siège de Capoue et conter comment vous avez mis en position vos canons, sans tranchées ni parallèles, et tiré à bout portant par les embrasures.

La mélancolie disparut de la large face du gros marin et son rire sonore remplit la salle.

— Je ne suis pas assez malin ou assez patient pour leurs façons en zigzag, dit-il. Nous nous sommes placés bord à bord et nous avons foncé sur leurs sabords jusqu’à ce qu’ils aient amené pavillon. Mais vous, Sir Cuthbert, où avez-vous été ?

— Avec ma femme et mes deux fillettes, à Morpeth, là-haut dans le Nord. Je ne les ai vues qu’une seule fois en dix ans et il peut se passer dix autres années, je n’en sais rien, avant que je les revoie. J’ai fait là-bas de bonne besogne pour la flotte.

— Je croyais, monsieur, que c’était dans l’intérieur, dit mon père.

— C’est en effet dans l’intérieur, dit-il, mais j’y ai fait néanmoins de bonne besogne pour la flotte. Dites-moi un peu ce qu’il y a dans ce sac.

Collingwood tira de sa poche un petit sac noir et l’agita.

— Des balles, dit Troubridge.

— C’est quelque chose de plus nécessaire encore à un marin, dit l’amiral ; et retournant le sac, il fit tomber quelques grains dans le creux de la main.

Je l’emporte dans mes promenades à travers champs et partout où je trouve un endroit de bonne terre, j’enfonce un grain profondément avec le bout de ma