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jim harrison, boxeur

qui occupaient les angles, sur un tableau qui représentait le Vésuve et la baie de Naples et qui était accroché au-dessus du clavecin.

Je me rappelle encore une pendule noire au bruyant tic-tac qui était sur la cheminée ; et de temps à autre, au milieu du bruit des voitures de louage, il nous arrivait de bruyants éclats de rire de je ne sais quelle autre pièce.

Lorsque enfin la porte s’ouvrit, mon père et moi nous nous levâmes, nous attendant à nous trouver en présence du plus grand des Anglais. Mais ce fut une personne bien différente qui entra.

C’était une dame de haute taille et qui me parut extrêmement belle, bien que peut-être un critique plus expérimenté et plus difficile eût trouvé que son charme appartenait plutôt aux temps passé qu’au présent.

Son corps de reine présentait des lignes grandes et nobles, tandis que sa figure qui commençait à s’empâter, à devenir grossière, était encore remarquable par l’éclat du teint, la beauté de grands yeux bleu clair et les reflets de sa noire chevelure qui se frisait sur un front blanc et bas.

Elle avait un port des plus imposants, si bien qu’en la regardant à son entrée majestueuse, et devant cette pose qu’elle prit en jetant un coup d’œil sur mon père, je me rappelai alors la reine des Péruviens, qui sous les traits de Miss Polly Hinton, nous excitait le petit Jim et moi à nous révolter.

— Lieutenant Anson Stone ? demandait-elle.

— Oui, belle dame, répondit mon père.

— Ah ! s’écria-t-elle en sursautant d’une façon affectée, avec exagération. Alors, vous me connaissez ?

— J’ai vu Votre Seigneurie à Naples.

— Alors, vous avez vu aussi sans doute, mon pauvre Sir William ? Mon pauvre Sir William !