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jim harrison, boxeur

voisins de l’homme de l’Ouest en répétant son propre refrain.

— Eh bien ! Sam le Hollandais n’a jamais mieux repris l’offensive, s’écria Sir John Lade. Où en est la cote en ce moment, Sir Lothian ?

— J’ai joué tout ce que je voulais jouer, mais je ne crois pas que mon homme puisse perdre.

Mais le sourire n’en avait pas moins disparu de sa figure et je remarquai qu’il ne cessait de regarder par-dessus son épaule du côté de la foule.

Un nuage d’un rouge livide arrivait lentement du sud-ouest, je puis pourtant dire que parmi les trente mille spectateurs, il y en avait fort peu qui eussent du temps et de l’attention de reste pour s’en apercevoir.

Mais sa présence se manifesta soudain par quelques grosses gouttes de pluie qui finirent bientôt en averse abondante, remplissant l’air de ses sifflements et faisant un bruit sec sur les chapeaux hauts et durs des Corinthiens.

Les collets d’habits furent relevés, les mouchoirs furent noués autour du cou, pendant que la peau des deux hommes ruisselait d’humidité et qu’ils se tenaient debout face à face.

Je remarquai que Belcher, d’un air très sérieux, murmura quelques mots à l’oreille d’Harrison, qui se levait de dessus ses genoux, que le forgeron faisait de la tête un signe d’assentiment, de l’air d’un homme qui comprend et approuve les recommandations qu’il reçoit. Et on vit aussitôt quels avaient été ces conseils.

Harrison allait faire succéder l’attaque à la défense.

Le résultat du repos après le dernier round avait convaincu les seconds que leur champion, avec son endurance et sa vigueur, devait avoir le dessus quand il s’agissait de recevoir et de rendre des coups.