Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/49

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avec elle, j’étais sans cesse à trembler de crainte que quelque faute commise en parlant ne lui causât de l’ennui ou ne la fâcha.

Si j’en avais su plus long sur le caractère des femmes, je me serais peut-être donné moins de mal.

— Vous êtes bien changé de ce que vous étiez autrefois, disait-elle en me regardant de côté par-dessous ses cils noirs.

— Vous ne disiez pas cela lorsque nous nous sommes vus pour la première fois, dis-je.

— Ah ! je parlais alors de l’air que vous aviez, et je parle de vos manières d’aujourd’hui. Vous étiez si brutal avec moi et si impérieux, et vous ne vouliez faire qu’à votre tête, comme un petit homme que vous étiez. Je vous revois encore avec votre tignasse emmêlée et vos yeux pleins de malice. Et maintenant vous êtes si douce, si tranquille. Vous avez le langage si prévenant !

— On apprend à se conduire, dis-je.

— Oh ! mais Jack, je vous aimais bien mieux comme vous étiez.

Eh bien, quand elle dit cela, je la regardai bien en face, car j’aurais cru qu’elle ne m’avait