Page:Doyle - La Marque des quatre.djvu/50

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porte à clef et de nous mettre chacun d’un côté de son lit. Puis, saisissant nos mains, il nous fit, d’une voix brisée par l’émotion autant que par la souffrance, l’étrange récit que je vais tâcher de vous répéter le plus fidèlement possible.

« Dans ce moment suprême, dit-il, il n’y a qu’une chose qui pèse sur ma conscience : c’est la manière dont je me suis conduit vis-à-vis de la fille du malheureux Morstan. La maudite avarice, qui a été toute ma vie mon défaut capital, m’a fait retenir et garder la moitié du trésor qui aurait dû lui appartenir. Et cependant je n’ai pas joui moi-même de ces richesses, tant l’avarice est un vice aveugle et absurde ! Le fait seul de la possession était pour moi une telle jouissance que je ne pouvais même supporter l’idée d’un partage. Voyez ce collier de perles à côté de ce flacon de quinine. Je n’ai pas encore pu me décider à m’en séparer, quoique je l’aie sorti avec l’intention de l’envoyer à cette jeune fille. Vous, mes fils, vous lui donnerez, n’est-ce pas, une bonne part du trésor d’Agra ? Mais ne lui envoyez rien, même pas ce collier, avant que j’aie quitté ce monde. Après tout, il y a eu des gens aussi malades que moi et qui se sont remis.