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Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/116

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L’homme s’était arrêté devant nous ; ses prunelles clignotaient, encore aveuglées par le brusque passage de l’ombre à la lumière. Il avait une de ces figures que l’on remarque, des yeux gris pleins d’audace, une forte moustache poivre et sel taillée ras, un menton carré, proéminent, une bouche moqueuse. Il nous regarda un bon moment, puis j’eus l’étonnement de le voir s’approcher de moi et me présenter un rouleau de papier.

« J’ai entendu parler de vous, me dit-il, avec un accent qui n’était tout à fait ni d’Angleterre ni d’Amérique, mais qui avait de la mollesse et du charme. Vous êtes l’historien de la compagnie, docteur Watson. Eh bien, je gagerais mon dernier dollar que jamais vous n’avez eu entre les mains une histoire comme la mienne. Voici les faits. Racontez-les à votre manière, ils n’ennuieront pas le public. Je viens de vivre deux jours dans une espèce de souricière, profitant des heures où il s’y glissait un peu de clarté pour tracer rapidement ces pages. C’est à vous, c’est à vos lecteurs que je les destinais. Elles vous conteront, l’histoire de la Vallée de la Peur.

— Cela, monsieur Douglas, dit tranquillement Sherlock Holmes, c’est de l’histoire ancienne. Ce que nous voudrions connaître à l’heure actuelle, c’est le présent.

— Vous allez être satisfait, monsieur, répondit Douglas. Voulez-vous me permettre de fumer tout en parlant ? Merci, monsieur Holmes.