Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/123

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-Parce que grand-mère dit qu'ils sont tous les fils du Père suprême, répondit-elle. Et puisqu'ils ont tous le même père, ils doivent être frères. Il le faut bien, n'est-ce pas?

-De la bouche des petits enfants et des nourrissons... fit Ruben en regardant par la fenêtre.

-Vous êtes une rare fleurette des marécages, dis-je, pendant qu'elle se haussait pour atteindre mon casque d'acier. N'est-ce pas chose étrange à penser, Ruben, qu'il y ait de chaque côté de nous des milliers d'hommes, des chrétiens, tout prêts à verser le sang les uns des autres, et qu'il se trouve ici entre eux un chérubin aux yeux bleus, qui expose en zézayant une philosophie bien faite pour nous renvoyer tous à notre foyer, le coeur calmé, et les membres intacts?

-Un jour passé avec cette enfant me dégoûterait pour toujours de la carrière des armes, répondit Ruben. Quand je l'écoute, je sens trop ce qui rapproche le cavalier du boucher.

-Peut-être faut-il des uns et des autres, dis-je en haussant les épaules. Nous avons mis la main à la charrue. Mais je crois que voici l'homme que nous attendons. Il arrive en se cachant là-bas sous l'ombre de cette rangée de saules têtards.

-C'est lui, c'est certain, s'écria Ruben, en guettant par la fenêtre aux vitres à facettes.

-Alors, ma petite, il faut vous asseoir ici,