Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/131

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Du courage, l'ami. Vous êtes aussi pâle que si c'était vous et non lui qui aviez subi la saignée. Où est Derrick?

-Noyé dans le marais, répondis-je.

-Tant mieux, cela nous économisera six pieds de bonne corde. Mais ici notre position est assez dangereuse, car la cavalerie royale pourrait bien nous assaillir. Qu'est-ce que cette bambine si pâle et si tranquille qui est assise dans le coin?

-C'est la gardienne de la maison. Sa grand' mère l'a laissée ici.

-Vous feriez mieux de venir avec nous. Il se fera peut-être une rude besogne ici avant que tout soit fini.

-Non, il faut que j'attende grand-mère, répondit-elle, les joues inondées de larmes.

-Mais si moi je vous conduisais près de grand-mère, ma petite? demandai-je. Nous ne pouvons pas vous laisser ici.

Je lui tendis les bras. L'enfant s'y élança et se serra contre ma poitrine, en sanglotant comme si son coeur se brisait.

-Emmenez-moi, cria-t-elle. J'ai peur.

Je calmai du mieux que je pus la petite créature tremblante et l'emportai sur mon épaule.

Les faucheurs avaient passé les hampes de leurs longues armes dans les manches de leurs justaucorps de façon à en former une sorte de couchette, une civière sur laquelle on étendit le pauvre Ruben.