Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/197

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que mon bras fut engourdi et ma lame émoussée, je m'aperçus que de tous les gens de Taunton j'étais seul resté vivant. Si nous étions sur le champ de bataille, vous pourriez reconnaître l'endroit où je me trouvais par le cercle des cadavres de ceux qui se sont, trouvés à portée de mon épée. Voyant que tout était perdu, et que nos coquins avaient fui, je montai le cheval de notre digne Maire, vu que ce valeureux gentleman n'en avait plus besoin, et je m'éloignai lentement du champ de bataille. Je vous réponds qu'il y avait dans mon regard et dans mon port quelque chose qui empêcha leur cavalerie de me suivre de trop près. Un soldat, il est vrai, me barra la route, mais mon coup habituel de tranchant de sabre en vint aisément à bout. Hélas! j'ai un gros poids sur la conscience: j'ai fait à la fois des veuves et des orphelins. Pourquoi venir me braver, quand... Dieu de miséricorde! qu'est-ce que cela?

-Ce n'est que mon cheval, dans l'écurie au-dessous, répondis-je.

-Je croyais que c'étaient les dragons, dit le secrétaire en essuyant les gouttes de sueur qui avaient tout à coup perlé sur son front. Vous et moi, nous aurions fait une sortie et les aurions assaillis.

-Ou bien vous vous seriez remis dans le pétrin, dis-je.

-Je ne vous ai pas encore expliqué comment