Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/23

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Il chevauchait très lentement, comme s'il trouvait fort mauvais de tourner le dos même à une armée entière.

L'intervalle entre l'escadron et lui ne cessait de s'accroître, mais il ne faisait rien pour hâter le pas.

Il allait tranquillement son train, jetant de temps à autre un regard en arrière pour voir s'il était suivi.

La même idée surgit simultanément dans l'esprit de mon camarade et dans le mien, et nous la devinâmes en échangeant un coup d'oeil.

-Prenons ce sentier, cria-t-il avec vivacité. Il nous mènera au delà du bouquet d'arbres et il est encaissé dans toute sa longueur.

-Conduisons les chevaux à la main, jusqu'à ce que nous soyons sur un meilleur terrain, répondis-je. Nous lui couperons la retraite, si nous avons de la chance.

Sans prendre le temps d'en dire davantage, nous nous hâtâmes de descendre par le sentier inégal, où nous glissions et faisions des rainures dans le gazon détrempé par la pluie.

Puis nous remettant en selle, nous parcourûmes le défilé, traversâmes le bouquet d'arbre, et nous nous trouvâmes sur la route assez tôt pour voir l'escadron disparaître dans le lointain et nous trouver face à face avec l'officier isolé.

C'était un homme brûlé par le soleil, aux traits fortement marqués, aux moustaches noires.