Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/261

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mémoire de ceux qu'ils avaient aimés et perdus, de peur qu'on ne bâtit sur ce fait une accusation de trahison.

À peine étions-nous de retour dans le magasin aux laines qu'un sergent entra, accompagnant un homme long, à figure pâle, aux dents saillantes, que son costume bleu clair, ses culottes de soie blanche, l'épée à pommeau d'or, les brillantes boucles de ses souliers, permettaient de ranger parmi ces raffinés de Londres que l'intérêt ou la curiosité avaient amenés sur le théâtre de la rébellion. Il marchait à petits pas sur la pointe des pieds comme un maître de danse français, en agitant son mouchoir parfumé devant son nez mince et proéminent, et respirait des sels aromatiques contenus dans un flacon bleu qu'il tenait de la main gauche.

-Par le Seigneur! s'écria-t-il, mais la puanteur de ces sales misérables est de force à vous couper la respiration! Oui, parle Seigneur, qu'on m'arrache les organes vitaux si je me risquerais parmi eux à moins d'être, comme je le suis, un véritable débauché d'enfer! Y a-t-il quelque danger d'attraper la fièvre des prisons, sergent?

-Ils sont tous aussi sains que des carpes, Votre Honneur, dit le sous-officier, en portant la main à son bonnet.

-Hé! Hé! s'écria le raffiné, avec un rire suraigu. Ce n'est pas souvent que vous recevez la visite d'une personne de qualité, j'en suis sûr.