Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les vociférations, qui accompagnaient chaque nouvelle profanation, le craquement des boiseries démolies, des fenêtres brisées, le bruit sourd de la maçonnerie qui tombait, tout cela faisait un vacarme des plus assourdissants, auquel s'ajoutait le ronflement de l'orgue, que plusieurs émeutiers firent taire enfin en crevant les soufflets.

Le spectacle qui nous frappa le plus vivement, ce fut la scène qui se passait juste en face de nous au maître-autel.

On y avait placé un tonneau de bière.

Une douzaine de bandits s'étaient groupés tout autour.

L'un d'eux, avec des gestes indécents, avait grimpé dessus et s'occupait à défoncer le tonneau à coups de hachette.

Au moment de notre entrée, il venait de réussir à l'ouvrir.

La liqueur brune sortait en moussant, pendant que la foule, avec de bruyants éclats de rire, faisait circuler des cuillers à pot et des gobelets.

Le soldat allemand lança un juron grossier, d'une voix saccadée, à ce spectacle, se frayant à coups d'épaules un passage à travers les tapageurs.

Il sauta sur l'autel.

Le meneur de l'orgie était penché sur son baril, la cruche à la main, quand la poigne de fer du soldat s'abattit sur