Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/60

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À l'autre, six mille hommes prêts à tout, persécutés, pourchassés d'un comté à l'autre, et qui, enfin, réduits aux abois, se dressent sur les landes désolées de Bridgewater, leur coeur aussi plein d'amertume et de désespoir que s'ils étaient des bêtes de proie traquées.

La théologie d'un roi est chose dangereuse pour ses sujets.

Mais si l'idée, pour laquelle ces pauvres gens combattaient, était digne, que dirons-nous de l'homme qui avait été choisi comme champion de leur cause?

Hélas, fallait-il que de tels hommes eussent un tel chef!

Oscillant contre les cimes de la confiance et les abîmes du désespoir, un jour faisant choix de ses conseillers d'état, et le lendemain parlant d'abandonner secrètement l'armée, il parût dès le premier jour possédé du démon même de l'inconstance.

Et pourtant il avait acquis une belle réputation avant son entreprise.

En Écosse, il avait conquis une renommée magnifique, non seulement par sa victoire, mais encore par sa modération, la pitié avec laquelle il avait traité les vaincus.

Sur le Continent, il avait commandé une brigade anglaise d'une manière qui lui avait valu les éloges de vieux soldats de Louis et de l'Empire.