Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/66

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des oeufs. Diable, voilà que je me fais prêcheur. C'est une religion nouvelle pour moi.

-Mais, dis-je, quand vous étiez dans l'opulence, vous avez dû vous rendre utile à quelqu'un. Sans cela comment peut-on dépenser tant d'argent et ne s'en trouver pas plus avancé?

-Ah! cher et bucolique Micah! s'écria-t-il avec un rire joyeux, parlerez-vous toujours de ma pauvre fortune en retenant votre souffle, en baissant la voix avec respect comme s'il s'agissait des trésors de l'Inde? Vous ne sauriez vous imaginer avec quelle facilité un sac d'écus prend des ailes et s'envole. Il est vrai que l'homme qui dépense l'argent ne le mange pas et qu'il se borne à le transmettre à un autre qui en tire parti. Mais notre tort consistait en ce que nous transmettions notre argent à des gens qui ne le méritaient point et qu'ainsi nous faisions vivre une classe inutile et débauchée au détriment des professions honnêtes. Par ma foi, mon garçon, quand je pense aux essaims de parasites mendiants, d'entremetteurs de débauche, de bravaches fendeurs de nez, d'avaleurs de crapauds, de flatteurs que nous avions formés, je sens qu'en couvant une nichée pareille de ces êtres venimeux, notre argent a fait un mal qu'aucune somme d'argent ne saurait défaire, n'ai-je pas vu de ces gens là sur trente rangs de profondeur, à mon petit lever, rampant autour de mon lit...