Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/174

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votre troupe. La caisse a néanmoins trouvé le moyen d'arriver à l'Hôtellerie de Bruton, et la bonne femme qui la dirige et dont je me suis fait une amie, a su s'arranger pour me la faire parvenir. C'est une règle utile à suivre, Clarke, dans ce pèlerinage terrestre: il faut toujours embrasser l'hôtelière. C'est peut-être peu de close, mais en somme la vie est faite de petites choses. J'ai peu de principes fixes, je le crains, mais il en est deux que je puis me flatter de ne jamais violer. Je suis toujours pourvu d'un tire-bouchon, et jamais je ne manque d'embrasser l'hôtelière.

-D'après ce que j'ai vu de vous, dis-je en riant, je pourrais me porter garant que ces deux devoirs sont toujours accomplis.

-J'ai des lettres moi aussi, dit-il en s'asseyant sur le bord du lit, et parcourant un rouleau de papiers. Votre Araminte au coeur brisé.» Hum! la donzelle ne doit pas savoir que je suis ruiné. Sans quoi son coeur serait bientôt raccommodé... Qu'est-ce que cela? Un défi pour faire combattre mon coq Julius contre le jeune coq de Lord Dorchester, enjeu cent guinées. Par ma foi, j'ai trop d'occupation à soutenir l'oiseau de Monmouth, pour l'enjeu du championnat... Un autre m'invite à une partie de chasse au cerf à Epping... Diantre, si je n'avais pas gagné au large, je me verrais moi-même aux abois, avec une meute de mâtins d'huissiers aux talons...