Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/128

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— Je crains d’être importune, Sire.

— Votre entrée, madame, est certainement quelque peu brusque.

— Je vous demande humblement pardon, Sire, mais j’ai toujours eu l’habitude d’entrer sans être annoncée chez la gouvernante de mes enfants.

— En ce qui me concerne, je n’ai jamais songé à m’en plaindre, dit sa rivale avec un calme parfait.

— J’avoue que je n’avais même pas pensé qu’il fût nécessaire de demander votre permission, madame, répondit l’autre froidement.

— Alors vous le ferez à l’avenir, dit le roi d’une voix sévère. C’est mon ordre formel que vous montriez, en toutes circonstances, tout le respect possible à cette dame.

— Oh ! à cette dame ! dit-elle avec un geste méprisant de la main. Les ordres de Votre Majesté sont naturellement nos lois. Mais il ne faut pas que j’oublie qui est cette dame, car on ne sait pas toujours quel nom Votre Majesté a daigné honorer et on risque de confondre. Aujourd’hui c’est Maintenon ; hier c’était Fontanges ; demain… Ah ! qui peut dire qui ce sera demain ?

Elle était magnifique, là debout dans son orgueil et son audace, la poitrine soulevée, ses yeux bleus dardant des étincelles sur son royal amant.

Celui-ci la regardait avec sévérité, mais non sans embarras, voire sans quelque émotion.