Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/286

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la rue Saint-Martin ; à son âge on ne résiste guère aux douleurs de l’exil.

— Bah ! il s’habituera à sa nouvelle vie.

— Dieu le veuille ! Mais je crains qu’il ne soit trop vieux pour supporter un tel changement. Je le crois frappé au cœur. Il reste des heures entières à regarder du côté de la France, avec des larmes qui lui coulent sur les joues. Et ses cheveux, encore gris la semaine dernière, sont maintenant tout blancs.

Catinat aussi avait remarqué que le corps robuste du vieux huguenot s’était affaissé, que les lignes se creusaient plus profondes sur son visage sévère, et que sa tête tombait plus lourdement sur sa poitrine. Il s’apprêtait à calmer les craintes d’Adèle en lui disant que la traversée le remettrait, quand la jeune fille poussa un cri de surprise en tendant le doigt vers un point de la mer, à l’arrière du navire.

— Regardez ! cria-t-elle, il y a quelque chose qui flotte là-bas, sur la crête d’une vague.

En même temps, Amos Green avait suivi la direction du bras de la jeune fille et avait cherché à voir ce qui attirait son attention.

— Capitaine Éphraïm Savage, il y a un canot là-bas, par tribord arrière.

Le marin saisit sa lunette et l’appuya sur le porte-haubans.

— Oui, dit-il, c’est un canot, mais il est vide ; il doit venir de la côte, et a été probablement entraîné à la dérive. Mettez la barre au vent,