Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/59

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quelque chose de la force et de l’ardeur de la jeunesse. Il était vêtu comme il convenait à son rang, simplement mais avec goût, il portait une veste de gros drap brun ornée de boutons en argent, des culottes de même étoffe et des bas de laine blanche ; une grande boucle en acier barrait le dessus de ses souliers de cuir fauve à larges bouts. D’une main il tenait son chapeau de feutre entouré d’une bande d’or, de l’autre un petit rouleau de papier sur lequel il avait formulé sa requête et qu’il avait espéré laisser entre les mains du secrétaire royal.

Son hésitation sur le parti qu’il devait choisir prit bientôt fin d’une façon qu’il n’avait pas prévue. On était à une époque où si la présence des huguenots en France n’était pas absolument interdite, elle était tout juste tolérée. Ils ne pouvaient compter sur la protection des lois, qui assuraient la sécurité de leurs concitoyens catholiques. Depuis vingt ans ils étaient en butte à des persécutions systématiques ; qui n’avaient cessé d’augmenter jusqu’au jour où il ne fut plus une arme, hormis l’expulsion absolue, que le fanatisme n’eût tournée contre eux. Chassés de tous les emplois publics, contrariés dans leurs affaires, ils voyaient leurs maisons remplies de soldats, leurs enfants encouragés à se révolter contre eux, et justice leur était refusée lorsqu’ils se plaignaient d’être en butte aux insultes du premier coquin venu auquel il plaisait de passer sur eux un dépit personnel. Malgré tout ces hommes ne