Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/73

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— Parole d’honneur. Seulement, remontez-moi.

— Pas si vite. Vous avez l’intelligence beaucoup plus vive dans cette position. Je ne connais pas les lois de ce pays et peut-être cette sorte de chose n’est-elle pas permise. Vous allez me promettre que je ne serai pas inquiété à ce sujet.

— Je vous le promets. Mais remontez-moi.

— Très bien. Allons, venez.

Il hissa le dragon qui se cramponnait à la balustrade et il le jeta rudement sur le balcon où il resta un instant étourdi, pendant que des exclamations partaient de la foule massée au-dessous. Le soldat se remit péniblement sur ses pieds et se précipita avec un hurlement de rage à travers la fenêtre ouverte.

Tandis que ce petit drame se jouait au-dessus de sa tête, le mousquetaire, revenu de sa première stupeur, s’était frayé un chemin à travers la foule et était arrivé suivi de son oncle devant la porte de la maison. L’uniforme du garde du roi était par lui-même un passeport, et la figure du vieux Catinat était si connue dans le quartier que chacun s’écarta pour les laisser passer. La porte s’ouvrit et le vieux domestique Pierre apparut dans le corridor sombre, se tordant les mains.

— Oh ! maître, oh ! maître, répétait-il. C’est abominable, c’est infâme : ils vont le tuer !

— Qui donc ?

— Ce brave monsieur d’Amérique. Oh ! mon Dieu ! écoutez-les !

On entendait à l’étage au-dessus un vacarme