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Page:Doyle - Premières aventures de Sherlock Holmes, 1913.djvu/65

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je compris qu’il ne s’était pas trompé dans ses conclusions.

— Ah ! l’on a préparé le souper, dit-il en se frottant les mains.

— Vous attendez du monde ? On a mis cinq couverts ?

— Oui, j’imagine que nous allons voir arriver quelques invités. Je m’étonne que lord Saint-Simon ne soit pas encore là ! Ha ! je crois que je l’entends monter. »

C’était bien en effet notre visiteur du matin qui entrait ; il semblait agité et roulait rageusement entre ses doigts le cordon de son pince-nez ; ses traits fins et délicats avaient une expression de trouble et de lassitude.


Je laissai tomber mon bouquet à l’endroit où il se trouvait.

— Vous avez reçu mon message, demanda Holmes.

— Oui, et je confesse que le contenu m’a vivement surpris. Êtes-vous tout à fait sûr de ce que vous dites ?

— Aussi sûr que possible. »

Lord Saint-Simon se laissa tomber sur un siège, et se passa la main sur le front.

— Que va dire le duc, murmura-t-il, quand il apprendra qu’un membre de sa famille a subi une pareille humiliation ?

— C’est un simple accident. Je ne vois pas là d’humiliation.

— Ah ! vous considérez la chose à un tout autre point de vue.

— Personne n’est à blâmer là dedans.

Je ne vois pas que la dame ait pu agir autrement, bien qu’on puisse regretter la manière brutale qu’elle a choisie.

« N’ayant pas de mère, elle se trouvait dans cette crise ; sans appui et sans conseil.

— Moi, je vous répète que c’est une insulte, monsieur, une insulte publique, dit lord Saint-Simon, en tambourinant avec ses doigts sur la table.

— Soyez donc indulgent pour cette pauvre fille qui s’est trouvée acculée à une situation tout à fait extraordinaire.

— Je n’ai aucune pitié, je suis furieux de m’être laissé aussi indignement duper.

— Je crois que j’ai entendu sonner. dit Holmes. Oui, on monte l’escalier. Et puisque je ne réussis pas à vous