Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/133

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ces deux étrangers, l’un si jeune, l’autre si misérable. Toutefois on ne leur permit pas de s’arrêter et ils continuèrent leur chemin suivis par des flots de Mormons. Ils arrivèrent enfin à un grand char de dimensions tout à fait extraordinaires ; la richesse et l’élégance de son extérieur étaient remarquables. Six chevaux le traînaient, tandis que toutes les autres voitures n’étaient attelées qu’à deux ou au plus à quatre chevaux. À côté du conducteur était assis un homme qui n’avait pas dépassé la trentaine ; cependant sa tête puissante, l’expression de commandement qui luisait dans son regard, révélaient bien qu’il était le chef. En voyant cette troupe s’avancer, il déposa un livre relié en cuir brun qu’il était en train de lire et se prit à écouter attentivement le récit qu’on lui fit de l’épisode. Puis il se tourna vers les deux égarés.

« Si nous vous prenons avec nous, dit-il, d’un ton solennel, ce ne peut être qu’à titre de vrais croyants, fidèles à notre foi. Nous ne voulons pas de loups dans notre bergerie. Il vaudrait mieux pour vous que vos os restassent à blanchir dans ce désert que d’être le fruit gâté qui peu à peu corrompt toute la corbeille. Acceptez-vous ces conditions pour venir avec nous ?

— Vous pensez bien que pour cela j’accepterais n’importe quoi », s’écria Ferrier avec tant de conviction que les vieillards eux-mêmes, malgré toute