Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/202

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il manquerait le dernier train, de venir le rejoindre à l’hôtel d’Halliday, ce à quoi Drebber répondit qu’il se trouverait sur le quai de la gare avant onze heures, puis il s’éloigna.

« L’instant que j’avais appelé si longtemps de mes vœux était enfin arrivé. Mes ennemis allaient se trouver en mon pouvoir. Réunis, ils pouvaient se secourir mutuellement, isolés ils étaient à ma merci. J’évitai cependant d’agir avec trop de précipitation. Quelle satisfaction trouverait-on à se venger si on ne donnait à celui qui vous a offensé le temps de reconnaître et la main qui le frappe et la cause de son châtiment ? Aussi mon plan était-il déjà préparé ; j’avais tout combiné de façon à ce que l’auteur de mes maux vit nettement son ancien crime s’élever enfin contre lui et l’écraser. Le hasard avait fait que, quelques jours auparavant, un de mes clients, chargé de surveiller plusieurs maisons dans Brixton Road, avait laissé tomber dans ma voiture, la clef de l’une d’elles. Cette clef avait été réclamée le soir même ; mais, avant de la rendre, j’avais eu soin d’en prendre l’empreinte et j’en avais fait faire une semblable. Grâce à cette circonstance fortuite, je m’étais ménagé dans la grande ville un refuge où j’étais sûr de ne pas être dérangé. Le seul côté difficile du problème était d’amener Drebber jusque dans cette maison.

« Le misérable était sorti à pied de la gare ; successivement