Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/30

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de ses compagnons de voyage ; je parierais mille contre un qu’il serait incapable de s’en tirer.

— Vous perdriez votre pari, repartit Holmes avec calme. Quant à l’article en question, c’est moi qui en suis l’auteur.

— Vous !

— Moi-même. Mes goûts naturels me portent vers tout ce qui est observation et déduction. Les théories que j’ai exposées là, et qui vous paraissent si chimériques, sont au contraire on ne peut plus pratiques, si pratiques même que c’est sur elles seules que je me repose pour gagner ma vie.

— Comment cela ? demandai-je involontairement.

— Mon Dieu, j’ai un métier tout spécial et je présume que je suis seul au monde à l’exercer : je suis un policier consultant, si je puis m’exprimer ainsi. Ici, à Londres, la police se compose d’une foule d’agents appartenant, soit au gouvernement, soit à des agences privées. Quand ces individus sont embarrassés, ils viennent me trouver et je leur débrouille leur affaire. Pour cela, ils m’exposent les faits avec toutes les circonstances qui s’y rattachent, et généralement, grâce à l’étude spéciale que j’ai faite des crimes, je me trouve à même de les remettre dans la bonne voie. Tous les crimes, en effet, ont entre eux un véritable air de famille, et, si vous en connaissez mille jusque dans leurs moindres détails, il est bien rare que vous n’arriviez pas