Page:Doyle - Un crime étrange.djvu/46

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Et sur cette remarque qui semblait incohérente, il entra dans la maison, suivi de Gregson, dont les traits exprimaient un ahurissement complet. Un petit passage dont le plancher était recouvert d’une épaisse couche de poussière menait à la cuisine et aux offices. Deux portes se trouvaient à droite et à gauche ; l’une d’elles n’avait évidemment pas été ouverte depuis longtemps ; l’autre donnait sur la salle à manger et c’était là que s’était déroulé le drame. Holmes y entra et je le suivis, dominé par ce sentiment pénible que nous ressentons toujours en présence de la mort.

C’était une vaste pièce carrée que l’absence de tout meuble faisait paraître plus grande encore. Un papier vernissé, fort ordinaire, tapissait les murs ; on y voyait de nombreuses taches d’humidité ; et, çà et là, des bandes entières à moitié détachées pendaient lamentablement, laissant à nu le plâtre pourri qu’elles auraient dû recouvrir. En face de la porte, sur le coin d’une cheminée prétentieuse en imitation de marbre blanc, on remarquait le reste d’une bougie de cire rouge à moitié consumée. Les vitres de l’unique fenêtre étaient si sales qu’elles semblaient ne laisser passer qu’à regret un jour douteux, ce qui répandait sur l’appartement tout entier une teinte grise et sombre que venait encore renforcer la couche épaisse de poussière dont chaque objet était recouvert.