Page:Doyle Chien des Baskerville.djvu/113

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« Plus on vit ici, plus l’influence de la lande pénètre l’âme du sentiment de son immensité, mais aussi de son charme effrayant.

« Dès qu’on a foulé ce sol, on perd la notion de l’Angleterre moderne. On heurte à chaque pas les vestiges laissés par les hommes des temps préhistoriques. Où qu’on dirige sa promenade, on rencontre les demeures de cette race éteinte, ses tombeaux et les énormes monolithes qui marquent, à ce que l’on suppose, l’emplacement de ses temples.

« Si celui qui examine ces huttes de pierres grisâtres adossées au flanc raviné des collines apercevait un homme, la barbe et les cheveux incultes, le corps recouvert d’une peau de bête, sortant de l’une d’elles et assujettissant sur la corde de son arc une flèche terminée par un silex aigu, celui-là se croirait transporté à un autre âge et jurerait que la présence en ces lieux de cet être, depuis longtemps disparu, est plus naturelle que la sienne propre.

« On se demande avec stupeur comment des êtres humains ont pu vivre en aussi grand nombre sur cette terre toujours réputée stérile. Je ne connais rien des choses de l’antiquité, mais je présume qu’il a existé des races pacifiques et opprimées qui ont dû se contenter des territoires dédaignés par les autres peuples plus conquérants.

« Tout ceci est étranger à la mission que vous m’avez confiée et n’intéressera que médiocrement votre esprit si merveilleusement pratique. Je me rappelle encore votre superbe indifférence à propos