que la jeune fille n’échappait pas à son mécontentement.
« Après les avoir considérés l’un et l’autre pendant l’espace d’une minute, le baronnet, la tête basse et l’air abattu, reprit lentement le chemin par lequel il était venu.
« Je ne pouvais deviner ce que tout cela signifiait, mais je me sentais honteux d’avoir assisté à cette scène, à l’insu de mon ami.
« Je dégringolai vivement la colline pour aller à la rencontre de sir Henry. Son visage était pourpre de colère et ses sourcils froncés, comme ceux d’un homme poussé à bout.
« — Allô ! Watson, d’où sortez-vous ? me dit-il. J’aime à croire que vous ne m’avez pas suivi ? »
« Je lui expliquai tout : comment j’avais jugé impossible de le laisser s’engager seul sur la lande et comment j’avais assisté à ce qui venait d’arriver.
« Pendant un moment, ses yeux flambèrent ; mais ma franchise le désarma et il eut un triste sourire.
« — On aurait pensé, reprit-il, que cette solitude offrirait un abri sûr !… Ah ! ouiche, tout le pays semble s’y être réuni pour me voir faire ma cour — et quelle misérable cour ! Où aviez-vous loué un fauteuil ?
« — Sur la colline.
« — Au dernier rang ! Son frère, à elle, était assis aux premières loges !… L’avez-vous aperçu s’approcher de nous ?
« — Oui.
« — Aviez-vous jamais remarqué qu’il fût toqué ?