Page:Dreyfus - Lettres d un innocent (1898).djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
INTRODUCTION

fert trois ans à l’île du Diable sans prononcer le nom d’Esterhazy, et que la découverte du fait qui devait le sauver appartînt, tout à fait en dehors de lui, au chef du bureau des renseignements de la Guerre ?

Dreyfus a donc été victime d’une erreur matérielle dont les preuves sont tangibles.

De deux choses l’une : ou le bordereau est l’œuvre personnelle d’Esterhazy (ce qui paraît l’évidence), ou il a été décalqué sur l’écriture d’Esterhazy (ce qui est l’invraisemblable version des experts) ; mais, quelle que soit l’hypothèse à choisir, elles excluent également l’une et l’autre l’idée qu’on soit en présence de l’écriture même du capitaine Dreyfus.

III

Il n’y a pas de pièces secrètes convainquant de trahison de Dreyfus

Le bordereau échappant à l’accusation, on a cru devoir se rattraper sur les pièces secrètes et on a répandu le bruit dans certains journaux, à grand renfort d’insinuations mensongères, qu’il existait des preuves de la culpabilité de Dreyfus qu’on ne pouvait faire passer sous les yeux du public.

Il est bien entendu, tout d’abord, que les prétendues preuves sont sans valeur contre lui, tant qu’elles ne lui ont pas été communiquées pour lui permettre de les discuter ; mais examinons-les à sa place, puisque nous avons, nous, l’avantage d’en connaître la teneur. Elles n’ont aucune portée.