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INTRODUCTION

La plupart des journaux laissent leurs lecteurs dans l’ignorance absolue de ce qui pourrait les éclairer ou, s’ils leur fournissent quelques renseignements, ils les tronquent et les dénaturent. Que la force de l’évidence les contraigne à donner à leurs informations plus d’exactitude, et tous les malentendus qui nous divisent auront bientôt cessé.

C’est à hâter ce résultat que nous espérons travailler en leur enseignant ce qu’ils auront à raconter le jour où ils voudront bien devenir sincères.

Dreyfus a été IRRÉGULIÈREMENT condamné sur la production, après débat clos, de pièces secrètes.

Un premier fait est indéniable : c’est que Dreyfus a été condamné sur la production de pièces secrètes communiquées au Conseil de guerre après la clôture des débats.

Il suffit, pour l’établir, du silence gardé par le général Mercier, par le Ministre de la guerre, par les membres du Gouvernement, toutes les fois qu’ils ont été appelés à s’expliquer sur ce point. Une négation de leur part eût suffi pour que la question ne leur fût plus posée ; mais ils n’ont pas voulu faire un aussi gros mensonge, ils se sont tus ! Le refus de s’expliquer, quand ils pouvaient parler, équivaut à un aveu formel.

Et comment, en effet, n’ayant pas le courage de reconnaître ouvertement l’illégalité commise, auraient-ils eu l’audace de la nier ? On ne s’expose pas à se faire donner les éclatants démentis qui se seraient élevés contre leur parole s’ils eussent essayé de répondre « non » quand c’est un « oui » que la vérité commande.