Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 1, 1901.djvu/120

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malgré ses qualités brillantes dans l’attaque et surtout dans le succès, s’abat rapidement dans la défensive et, perdant confiance, n’est plus bon à rien.

Quelle erreur, mes enfants ! Et comme l’histoire est là pour démentir cette appréciation perfide !

Aussi bien pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire que dans les dernières guerres modernes, nous avons démontré que nous sommes au contraire capables de la plus grande ténacité, et que, si les revers nous impressionnent, ils ne nous abattent pas.

Toutes les fois que le sort des armes donna aux troupes françaises des villes à défendre, elles forcèrent l’admiration de l’ennemi. Faut-il vous citer la défense de Gênes, celles de Dantzig et de Huningue, sans oublier, en 1870, la belle défense de Paris, assiégé par les Prussiens, et l’héroïque résistance de Strasbourg et de Belfort ?

N’avons-nous pas, plus près de nous encore, pendant la campagne du Tonkin, la sublime défense de Tuyen-Quan, où une poignée de braves, commandée par le colonel Dominé, se défendit avec un acharnement admirable ; où l’on vit un simple sergent du génie, le sergent Bobillot, mériter par sa belle conduite la statue de bronze que lui a élevée Paris, sa ville natale ?

Eh bien, mes petits amis, au milieu de tous ces beaux exemples, la défense de Mayence par les troupes de Kléber restera comme l’une des plus remarquables.

Le siège dura quatre mois !

C’est long, de rester ainsi quatre mois enfermés, sans nouvelles de France, avec l’unique préoccupation d’empêcher l’ennemi d’aborder le rempart.

C’est long de vivre quatre mois sous une pluie de bombes et de boulets, s’abattant sans trêve comme un orage de fer et de feu.

Oh ! qu’il faut pour cela de courage et d’abnégation, surtout quand les vivres manquent et que l’on n’a pas à manger tous les jours !

C’était le cas des défenseurs de Mayence.

Presque toutes les farines avaient été employées : on rationnait même le pain. La viande faisait complètement défaut, en dehors des chevaux morts ou tués.

Les joues creuses, leurs uniformes usés dans les combats et devenus trop