Page:Driant, Histoire d’une famille de soldats 2, 1899.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’ancienne cantinière de la 9e demi-brigade avait été, ainsi que son mari, emportée en deux jours par l’horrible épidémie de choléra qui sévit cruellement, cette année-là, à Paris et dans plusieurs grandes villes de France.

Le père de Henri, le colonel Cardignac, sa bonne mère Lise et son frère Jean avaient heureusement échappé à ce terrible fléau.


Lieutenant de chasseurs d’Afrique.

Entre temps, Jean, l’artilleur, avait, lui aussi, reçu le baptême du feu.

Il avait fait partie de l’expédition envoyée en Belgique pour aider ce pays à conquérir son indépendance sur les Hollandais. Jean avait pris part au siège d’Anvers et en était revenu sans blessure.

Rentré dans sa garnison, après cette courte campagne, il consacrait à la science tous les instants que lui laissait son service. Pour le moment il s’adonnait, de concert avec un ingénieur de ses amis, à des recherches sur l’application de la vapeur.

C’était maintenant un grand jeune homme au visage grave, aux traits sérieux.

Sa moustache blonde avait poussé, comme celle de son frère Henri, dont le brillant uniforme et le teint hâlé faisaient l’admiration du colonel.

Les deux frères avaient le double galon d’or sur la manche : Jean avait gagné son nouveau grade au siège d’Anvers ; Henri, à la première attaque du col de Mouzaïa ; et notre camarade était maintenant lieutenant aux chasseurs d’Afrique.

Ce régiment, nouvellement formé, devait fournir une bien glorieuse carrière. Il n’était du reste pas la seule nouveauté introduite par les nécessités de la guerre d’Afrique dans l’armée française, car un corps spécial d’infanterie avait été créé en même temps : le bataillon des zouaves.

Formé en 1830, à l’aide d’indigènes qui avaient fait leur soumission et