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côte, du territoire Kabinda[1] ; mais comme le bas Congo n’est pas navigable à cause des barrages rocheux de Yellala, la possession des bouches n’avait qu’une importance relative.

Elle était d’ailleurs compensée par cession du Niari-kouilon, rivière donnant une excellente voie d’accès jusqu’au grand fleuve.

Jusqu’en 1894, cette voie d’accès n’avait pas été utilisée : mais à cette époque et à la suite des puissantes démonstrations d’amitiés franco-russes, qui avaient donné la sécurité à la France et lui avaient permis de suivre une politique coloniale stable et énergique, le comité de l’Afrique française avait réuni les fonds nécessaires pour créer une voie commerciale reliant Brazzaville à la mer.

Au Nord, la colonie essayait d’atteindre le Tchad avec Crampel, qui tombait avant d’avoir atteint le Grand Lac ; avec Dybowski, qui vengeait la mort de Crampel et arrivait au Chari, principal affluent du Tchad, mais sans pouvoir le descendre jusqu’au bout ; avec Fourneau et Cholet, qui remontaient la Sanga ; avec M. de Brazza, enfin, qui faisait, avec Mizon, sa jonction dans l’Adamaoua.

Les deux lieutenants de vaisseau coupaient ainsi l’hinterland allemand du Cameroun et empêchaient les explorateurs de l’empereur Guillaume de pousser jusqu’au Tchad, malgré l’appui officiel donné au lieutenant prussien von Stetten et refusé au lieutenant Mizon, à son deuxième voyage par la « Royal Company anglaise » du Niger.

Mais, à cette époque, des guerres terribles éclatèrent dans les grands États qui avoisinent le Tchad, guerres provoquées par un usurpateur maure, Rabah, fils d’un ancien esclave, et suspendirent, pour plusieurs années, les explorations vers le Nord.

Pendant quatre ans, les missions françaises durent renoncer à se frayer une route vers Kouka, qu’avaient incendiée les hordes de l’agitateur.

Ce fut en 1895, que le colonel Monteil, au début de son fameux voyage du Congo au Nil, réalisa enfin l’idée de Crampel, et relia ainsi le Congo français à nos possessions méditerranéennes

  1. C’est à Kabinda que mourut le duc d’Uzès, en 1893.