Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/200

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rostier qui, un levier dans chaque main, surveillait avec une attention extrême la marche du ballon, ne pourrais-tu déplacer ton contrepoids lentement, de façon à nous redresser insensiblement et à nous éviter ces brusques changements d’équilibre ?

— Quand j’aurai plus l’habitude, j’espère y arriver, fit le digne homme ; mais j’ai une telle peur de faire mon renversement trop tard et de rencontrer quelque colline, que je me presse un peu trop.

— J’ai bien songé, reprit l’ingénieur, en revenant vers son neveu, à améliorer le système en suspendant la nacelle par le procédé de Cardan, mais je me suis buté contre des difficultés presque insurmontables.

— Et quel est ce procédé ?

— As-tu déjà vu les boussoles qui servent aux navigateurs ?

— Non… jamais navigué que sur le lac de Saint-Mandé.

— Eh bien ! elles sont en permanence horizontales, ce qui assure la verticalité constante de la pointe d’acier qui supporte l’aiguille.

— Je vois bien le résultat, mais le moyen ?

— Le voici : la boussole est suspendue au centre d’un cercle libre d’osciller autour d’un axe dont les extrémités traversent diamétralement un deuxième cercle plus grand ; ce deuxième cercle plus grand oscille lui aussi autour d’un axe, mais cet axe est perpendiculaire au premier ; de cette façon, le poids même de la boussole l’oblige à conserver constamment son cadran horizontal.

— Très ingénieux !

— Oh ! ce n’est pas nouveau ; et, à bord de leur yacht, certains souverains peu amateurs du mal de mer, l’empereur d’Allemagne, par exemple, ont fait disposer leur cabine de telle sorte que, suspendue à la Cardan, elle fût indépendante du tangage et du roulis.

— Dans tous les cas, c’est une amélioration à introduire, dès notre retour, dans la construction de nos appareils… et, à propos de mal de mer, poursuivit le jeune homme, est-ce que notre nouveau passager serait atteint de ce fâcheux malaise ?

— Je ne le crois pas ; mais ce que je voudrais bien con-