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de l’Afrique qui bordaient la Méditerranée. On obéit aujourd’hui au Coran, de l’Atlantique à l’Océan Indien.

Nous sommes le nombre ; soyons l’union, nous serons la force !

— Quand vous repartirez, dit-il aux envoyés de l’Inde, je vous donnerai un convoi et une escorte pour vous guider jusqu’au golfe d’Aden. Chacun des chameaux qui vous accompagnera portera une fortune en lingots d’or enfermés dans de vulgaires couffins. Vous direz que vous faites le commerce des dattes.

A Berbera, port de la côte Somali, vous porterez à l’un de mes cheiks fidèles l’ordre que je vous donnerai pour lui. Il vous embarquera vous et votre or pour Bombay. Remettez à votre maître les trésors que je vous confie pour faire triompher notre cause en Asie ; dites-lui que quand les peuples d’Afrique se mettront en mouvement, je lui enverrai par la voie Aden-Bombay un télégramme ainsi conçu : « Dieu a parlé », et répétez-lui mon dernier mot : « A Constantinople ! »

Et comme Mounza, le roi des Monbouttous, venait d’entrer :

— Conduis-nous dans les souterrains, dit-il, et montre nous quel a été l’accroissement de nos richesses pendant mon absence.

Les messagers indiens s’inclinèrent et sortirent à reculons.

Le sultan, suivi de son fils et précédé du roi Mounza, traversa deux salles où écrivaient des scribes. Dans l’une d’elles, cabinet de travail d’Omar, des cartes allemandes et françaises tapissaient tous les murs : une table était surchargée de papiers et de livres ; on se serait cru dans le bureau d’un ingénieur européen.

Soudain, Mounza disparut : une trappe dont il avait déclenché le ressort venait de basculer sous ses pieds, et il s’enfonçait rapidement dans un escalier raide et obscur.

Le sultan et son fils le suivirent en hommes familiarisés avec ce dédale, construit pour mettre à l’abri d’une surprise les richesses accumulées depuis de longs mois, et au bout de quelques instants tous trois se trouvaient réunis dans une vaste salle taillée dans le rocher et éclairée par des lampes en terre vernissée suspendues au plafond.