Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/154

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provinces qui lui avaient été cédées par le traité de Berlin, la Bosnie et l’Herzégovine, où d’ailleurs les éléments musulmans, très nombreux encore, s’agitaient dans l’attente du Prophète. Et dès lors sa tactique consista à transformer la Save en un fossé infranchissable, hérissé sur sa rive gauche des fortifications les plus perfectionnées.

Elle poussa sur Belgrade une partie de ses forces qui, jointes à l’armée serbe, à quelques corps russes, à des fuyards bulgares et à un corps roumain venu d’Orsova, portèrent à 700.000 hommes le chiffre de l’armée de défense qui allait disputer à l’Islam ce premier boulevard de l’Europe.

Bâtie sur la dernière ondulation mourante des montagnes de la Sumadia, ou région des Forêts, au confluent de la Save et du Danube, Belgrade, l’antique Singidunum des Romains, l’Alba Graeca du Moyen Age, est l’entrepôt nécessaire du commerce entre l’Orient et l’Occident.

Conquise par Soliman, le plus belliqueux des sultans ottomans, puisqu’il dirigea en personne treize campagnes, elle fut reprise aux Turcs par le prince Eugène en 1703, et les Serbes, quoique restés jusqu’au traité de Berlin sous la dépendance nominale de la Porte, n’avaient eu depuis qu’une ambition, celle de faire disparaître de leur capitale tout ce qui rappelait la servitude ottomane.

Ils y étaient parvenus, et Belgrade était une ville occidentale où des palais européens avaient remplacé les mosquées et où de superbes promenades couvraient de leurs ombrages l’esplanade sur laquelle les Turcs dressaient des poteaux chargés de têtes sanglantes.

Aussi tous les moyens de défense y avaient-ils été accumulés ; les plus savants ingénieurs européens travaillaient depuis huit mois à la transformer en un camp retranché inexpugnable.

Pour donner de l’air à la défense, ils avaient appuyé son aile gauche au Danube, à Isardschik, et son aile droite au premier coude de la Save, fermant ainsi le demi-cercle des deux rivières par une barrière de 30 kilomètres de front, de forme bastionnée, se prêtant par conséquent à une lutte rapprochée.

Derrière cette première ligne ; trois autres s’étagèrent jusqu’à Rakowitya. Toutes les bouches inutiles furent