Page:Driant - L’invasion noire 3-fin de l’islam devant Paris,1913.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VI


La chasse aérienne. — Les projets de Suzanne. — Une découverte nocturne. — Mata en reconnaissance. — Alerte ! — A la poursuite du Tzar. — Les terreurs de miss Clipott. — Le dernier mot d’un reporter. — Harponné ! — Suicide manqué. — Omar et Suzanne. — Revirement inattendu. — Un parallèle. — Le Tzar en feu. — Un sauvetage inopportun. — Saladin et Mata en tête-à-tête. — Raffinements et maladresse. — Au milieu des Noirs. — Harem sans maitre.


— Ah ! Seigneur Jésus ! s’écria miss Clipott pour la seconde fois en levant au ciel ses deux bras maigres. Mais on dirait des fourmis !… Voyez donc, ma très chère, y en a-t-il ?

Et les deux femmes, penchées sur le rebord de la nacelle, s’absorbèrent dans la contemplation de l’inoubliable tableau. La vallée de la Maritza, au-dessus de laquelle planait le Vengeur, après une reconnaissance de quelques jours aux environs de Constantinople, regorgeait de noirs glissant à la surface du sol en grappes épaisses, couvrant les pentes et les fonds, sortant des bois, dévalant dans les ravins, s’étalant partout comme de larges taches.

Nul souci parmi eux d’un ordre de marche régulier. Mais, par instinct, les groupes qui étaient sur les ailes s’écartaient sur les flancs pour observer, et des embryons d’avant-gardes apparaissaient s’épanouissant en éventails pour fouiller le terrain. Maintenant, ils se sentaient en pays ennemi, menacés de tous côtés, et les colonnes suivaient les colonnes en un défilé ininterrompu, prêtes à opposer aux attaques l’effrayante puissance de leur nombre.

Depuis trois jours, c’était un écoulement sans trêve de masser bariolées, au milieu desquelles il était impossible de distinguer quoi que ce fût, en dehors des cavaliers, des chameaux et des éléphants.

Ce fut la première remarque que fit la belle Suzanne,