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L’ÉGYPTE ET LE CANAL DE SUEZ.

efforcé d’écarter tout intermédiaire nuisible entre lui et le peuple, et d’attaquer cette autorité tyrannique qui, jusqu’à lui, se rencontrait à tous les degrés de la hiérarchie administrative.

Mais la victoire la plus importante qu’il ait remportée sur l’ancien état de choses, c’est le droit obtenu du Sultan pour les pachas d’Égypte de nommer eux-mêmes, non-seulement le grand cadi ou chef suprême de la justice qui était nommé ou plutôt qui achetait sa charge à Constantinople, mais encore les juges jusqu’alors à la nomination du grand-cadi.

Par cette organisation le service judiciaire échappait entièrement à la direction et au contrôle du gouvernement ; de plus le grand cadi payant sa charge fort cher, ne trouvait rien de mieux que de se la faire rembourser par les juges qu’il nommait ; ceux-ci, à leur tour, demandaient à la bourse des plaideurs un dédommagement qui influençait trop souvent la loyauté de leurs jugements. Le scandale de ces marchés entre juges et plaideurs était arrivé à son comble, ou plutôt à peine y avait-il scandale, tellement cette façon de rendre la justice était passée dans les mœurs publiques, et cela sans que le gouvernement y pût