E serait assurément une œuvre aussi attrayante qu’utile que l’étude approfondie de tous les écrits condamnés de tous temps, en tous pays. Depuis Protagoras d’Abdère, dont les livres impies furent, cinq siècles avant notre ère, brûlés publiquement, par ordre des magistrats athéniens, jusques aux condamnations prononcées de nos jours contre les écrits les plus récents, que d’ouvrages ont été atteints, et parfois pour des motifs si
opposés, par les censures de la justice humaine ! Quelques-uns cependant
ne méritaient point ces rigueurs : ceux-là, la postérité les a depuis réhabilités et le temps a fait justice des circonstances particulières ou des
hommes sous les coups desquels ils avaient succombé. Mais pour le plus grand nombre, on doit reconnaître que ce fut avec raison qu’on les prohiba,
car ce n’était point à des institutions passagères, à des idées de convention
qu’ils s’étaient attaqués, mais bien à ce qu’il y a de plus sacré et de plus
respectable, à l’autorité des lois, à la morale, à la Divinité.
Une aussi vaste étude suffirait à absorber plusieurs années de travail et remplirait de nombreux volumes ; aussi ne nous proposons-nous pas d’en esquisser, même une faible partie, dans cet ouvrage ; peut-être, et nous l’espérons un peu, nous sera-t-il donné, dans un autre livre, de revenir sur ce sujet. Actuellement, notre but est beaucoup plus modeste : nous n’offrons aux lecteurs qu’un travail de bibliographie destiné à leur faciliter des recherches, jusqu’à présent bien pénibles, par suite de l’extrême diffusion et de l’insuffisance des renseignements concernant la matière que nous allons traiter.