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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/553

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un procès révèle que l’administration de l’Assistance publique a patriotiquement traité avec une fabrique italienne fusionnée avec une compagnie allemande, qui remplace le sulfate de quinine par de la cinchonine[1].

Il n’y a plus ni discipline, ni contrôle. Le National est obligé de reconnaître que Quentin « distribue des viandes pourries aux malades. » La Justice avoue « que le désordre et l’incurie règnent dans les établissements hospitaliers de la Seine[2]. » Ajoutons que le personnel de nos hôpitaux,

  1. On comprend l’horreur qu’éprouve maintenant pour les hôpitaux ce peuple de Paris qui autrefois avait une égale confiance dans la science des maîtres et dans le dévouement du personnel. Pendant le choléra, les infortunés, croyant que tout avait été laïcisé, n’osaient pas avouer qu’ils étaient malades dans la crainte d’être livrés au personnel choisi par Quentin et demandaient en grâce aux médecins de ne pas les trahir. Rue de Nevers, un infirmier qui, appuyé par des agents, venait s’emparer d’un malade, fut à demi assommé par les voisins.
        Je ne sais rien de navrant comme la fuite éperdue de deux malheureux de mon quartier. Le médecin qui les soignait avait dû révéler, au commissaire Bagnottet que la femme était atteinte du choléra… Alors la pauvre femme, prévenue qu’elle allait être enlevée de force, supplia son mari de l’arracher a ce supplice, et voilà ces deux êtres, la femme agonisante, l’homme fou de douleur, partis en pleine nuit à travers l’immense Paris, errant comme la bête qui cherche un coin pour y mourir. La police, qui n’arrête jamais les malfaiteurs, découvre les malades. Le couple fut repris à la Maison-Blanche le lendemain et la femme, qui avait rêvé de finir en paix chez elle, fut traînée dans un hôpital où elle succomba presque immédiatement.
        Sous prétexte qu’il pourrait se trouver un crucifix dans une maison ; empêcher les gens d’expirer chez eux, près de ceux qu’ils aiment, jamais aucune tyrannie n’avait osé cela !… Ajoutons que devant l’impossibilité de se faire obéir, Camescasse finit par déclarer qu’on avait le droit de mourir à peu près tranquille.
  2. Une circulaire confidentielle de Quentin, que tous les journaux ont publiée au mois d’avril 1884, proclame, plus énergiquement que nous ne le pourrions faire, le gaspillage scandaleux qui règne dans ces hôpitaux laïcisés où, à demi ivres dès le matin, les femmes qui