Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/125

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la Providence, de la même main dont elle éprouve l’innocence, tient souvent de l’autre, en réserve, sa conservation pour le châtiment des coupables.

Contre leur attente, mon existence résista toujours aux efforts réunis sourdement, pour la détruire par gradation. On se retrancha donc à se faire un système capital et suivi de ruiner de fond en comble ma fortune ; car réduite aux seules armes de ses pleurs, l’indigence ne peut rien contre les tyrans, pas même en loi, où, si la justice elle-même ne coûte rien, les procédures pour la faire parler se paient au poids de l’or. C’est dans ces vues, que durant les longs jours de mon emprisonnement, on livra chez moi mes biens au pillage, sans jamais condescendre à la nomination d’un administrateur pour les régir. Ce ne fut pas assez : pour accélérer la consommation de ma ruine, on jeta un interdit général sur toutes les causes où j’étais en droit de me porter pour plaintif ; mais on invita tous mes ennemis à me poursuivre en judicature, dans toutes celles où je ne pouvais figurer qu’en défendant, bien entendu qu’on se réservait le droit de me couper habilement tous les moyens d’une juste défense.

L’audace d’une telle injustice n’éclata jamais sous des traits plus noirs, que dans mon procès avec mon ancien commissionnaire : je ne le fais revivre ici, que pour