Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/151

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s’arrêter dans sa course, suspendre les derniers coups d’éclat et révoquer son arrêt, les plus diaboliques vues furent l’âme de cette espèce de révocation. Le chemin de la fuite fut toujours ouvert à mon choix ; c’était à coups redoublés d’oppressions que mes ennemis visaient à me forcer de m’y résoudre, à l’exemple de tant d’autres compagnons infortunés de mes disgrâces. Mon évasion aurait ratifié et confirmé les premiers soupçons de ma perfidie prétendue envers mon souverain ; j’aurais emporté avec moi toute l’infamie réelle de ma supposée haute trahison ; je n’aurais donc plus été, au tribunal public, qu’un fugitif flétri et déshonoré ; la confiscation de mes biens aurait été le prix de cette flétrissure : enrichis de mes dépouilles, mes ennemis, qui étaient mes juges, auraient joui du doux spectacle de me voir errer d’asile en asile, sous les livrées de l’indigence en rebut à toute la terre, en horreur à tous les honnêtes gens, et surtout dans l’impuissance de leur jamais demander, avec succès, compte de mes malheurs ; leur triomphe aurait été complet : mais une mince pénétration, et surtout les intérêts de mon honneur, me firent lire d’avance dans les cœurs, où se tramaient de si abominables complots ; je me soumis donc à ma triste destinée, qui se serait accrue d’horreurs, que d’essayer à la finir par les voies que m’aplanissaient la malice et l’artifice. Par cette ferme résolution, malgré la soustraction de plus de 20 000 liv. st. à ma fortune, mes domaines et mes autres immeu-