Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/158

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continuité de la main d’un vainqueur, qui s’appesantit sur nous ; mais être esclaves à perpétuité, sous l’empire d’un souverain qui est le père constitutionnel du peuple le plus libre qui soit dans l’univers ; oh, pour le coup c’en est trop ! serait-ce que notre lâcheté à disputer la victoire, en nous dégradant dans l’esprit de nos conquérants, aurait mérité la survivance de leur colère et de leur mépris ? Mais ce furent nos généraux, en discordance avec eux-mêmes, qui se firent battre ; mais nous, nous prîmes leur revanche, et nous lavâmes, l’année d’après, la honte de leur discordes, sur le même champ de bataille que nous marquâmes, à leur tour, par la défaite de ces ennemis qui les avaient défaits. Québec, il est vrai, ne retomba pas sous notre puissance par ce succès incomplet de nos armes ; mais c’est qu’il faut du canon pour abattre les murailles d’une ville de guerre ; et la prise antécédente de nos arsenaux, nous les avait arrachés d’avance des mains ; et nous ne nous rendîmes dans la suite, qu’environnés de trois armées, et quand il ne nous restait plus assez de poudre pour fournir à une action d’une demi-heure : une telle reddition est la dernière période de la gloire, pour un peuple conquis. Le général, notre conquérant,[1] vit encore au milieu de Londres ; il peut rendre témoignage à ces circonstances glorieuses, que je cite ici autant pour son

  1. Lord Amherst.